Une pause à St-Eustache
Au coeur du tumulte parisien repose un joyaux du XVIIème siècle, l'Eglise Saint-Eustache, massif de pierres qui s'impose à notre vue, à la sortie du forum des Halles. Loin de la frénésie mercantile ses vitraux appellent au calme et à l'introspection sous de subtils motifs lithurgiques. Les personnes se déplacent à pas feutrés, les voix chuchotées résonnent et quelques unes, ici et là, assises sur les chaises empaillées, s'entretiennent de tout, de rien, du mystère de la vie et du besoin de croire. Besoin ou envie de croire ?
D'autres crayonnent d'une main habile les voûtes, vitraux, statues et entrelacs qui caractérisent ce vaisseau terrestre. Il y a celui qui cherche l'asile et qui va faire une sieste, la tête reposée entre ses deux mains. Celui qui contemple la voûte, les mains jointes et qui songe à ses rêves empaillés. Au coeur de Paris une oasis, il y fait beau ou il pleut, certains y vont faute de mieux, d'autres sont de simples touristes en visite. Les passants se mêlent aux croyants et tous les croyants se rappellent qu'ils sont passants. Certains contemplent les oeuvres sculptées, d'autres s'arrêtent devant les grandes orgues et pensent aux airs solennels qui y sont joués. Les uns se promènent main dans la main, en pensant à rien, juste dans le plaisir d'être ensemble, ici et maintenant. Quelques uns se voient remonter l'allée centrale, entourés de proches restés debout, une marche nuptiale entonne un air sollennel jusqu'à l'autel. Dans le silence voici les grandes espérances. L'athée que je suis s'imprègne d'un peu d'humanité.
Le vaisseau de pierre a pris escale dans la capitale. Prêt à accueillir le monde car même sur un sol plat on monte des marches à Saint-Eustache.