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Voilà Rosapristina !
18 juin 2018

«Vous avez quatre heures.», couperet, pas le

«Vous avez quatre heures.», couperet, pas le choix, pas le temps de se disperser, on y va ! Depuis ce matin 8h, l'épreuve de philosophie donne le coup d'envoi du baccalauréat. L'épreuve fait la fierté du système éducatif français, et la circulaire du 26 septembre 1922  définit comme «l'apprentissage de la liberté par l'exercice de la réflexion». Plan dialectique, oui- non, dépassement, c'est parti, on suit la méthode, le prêt-à-penser demande de convoquer fissa philosophes et de manier habilement leurs idées pour les transformer en argument d'autorité.

Philosopher, c'est dialoguer, interroger, et c'est en surtout en arriver à une pensée aporique, "je sais que je ne sais rien" dit Socrate. Nous voilà prévenus. Si actuellement tout le monde s’accorde à dire qu’on a besoin d’elle, il semble pourtant qu'elle ne fasse l'actualité qu'une fois par an, inaugurant les épreuves du baccalauréat général, pense-t-on à tort puisque nombreuses épreuves ont été anticipées. Aussi, l'épreuve dite reine est mise en lumière pendant quelques heures, ne serait-ce que pour laisser les institutions se féliciter de cette exception française. A travers la maîtrise de la philosophie, ce qui est visé c'est la liberté de penser, jugée comme une liberté constitutive de la formation de l'homme et du citoyen. Et c'est bien dans l'ambition de former des citoyens éclairés que Napoléon a créé cette épreuve en 1808. Or, une fois l’épreuve finie, la majorité des étudiants ne pratiqueront plus l’exercice philosophique. Ils n’en garderont qu’un vague souvenir et le philosophe redeviendra un vieux barbu de marbre dont on évoquera les pensées comme par accident. Alors qu'en est-il de l'éducation du citoyen éclairé ? «Vous avez quatre heures.» voilà c'est bon, on se donne bonne conscience, les jeunes ont, le temps d'une année scolaire, manié concepts et pensées, éléments indispensables pour construire les adultes de demain. Aussi, nous pouvons constater que la philosophie se disperse plus que jamais dans des matières aussi diverses que l'histoire, l'économie, la technologie etc.

Or, penser mobilise de l’angoisse, de la peur et nous paralyse, comme si le fruit de la connaissance allait nous précipiter en enfer, alors qu’il fait que nous plonger dans le monde. Quand on pense, on s’arrête sur le côté et on n’a l’impression de ne pas agir, or c’est tout faux, penser c’est plonger dans le monde. Rappelons-nous, on est dans le monde, on n’est pas le monde. La distance est nécessaire pour qu’existe l’échange. Il s'agit de baigner dans le monde, et de régulièrement, revenir sur le rivage, prendre du recul et observer. Tout comme l’actualité trouve une résonance en nous quand elle nous évoque, de près ou de loin, elle nous renvoie quelque chose. On est humain et on nous le dit, parler ça fait du bien, ça libère. Alors on étale ses tripes et si ce n'est pas nous qui le faisons, nous recherchons les nôtres un peu partout autour de nous. Sous couvert de mise en valeur, de promotion de soi, le maître-mot est : « Parlez de moi il n'y a que ça qui m'intéresse » . Il n'y a interaction que lorsque nous nous reconnaissons dans ce que nous voyons.Tout est prétexte à philosopher, la preuve avec la rédaction de ce modeste article sur ce blog, et chacun prend le rôle du sage donneur de leçons qui s'autorise à juger tout ce qui se trouve sur son chemin en attribuant un clic d'appréciation, en partageant ou en ignorant.

Nous sommes dans une société qui valorise la forme plus que le fond, où le culte de l'apparence, illustré par une politique de popularité et une logique de l'audimat, brouille les pistes. Qu'en est-il alors de la fameuse recherche de la vérité, si ce qui prime ce n'est plus le fait, mais la manière de le rapporter?  Cette manière de rapporter n'est que le jaillissement de la compréhension des faits à travers les filtres culturels, émotionnels et intentionnels. Quatre heures donc pour coller aux exigences d'un système éducatif et répondre aux questions insolubles de l'humanité. Espérons que ce qui peut passer pour une blague éducative puisse être transcendé par la profondeur de la pensée, celle qui nous fait sonder les fonds de l'humanité.
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