Impressions
Je me souviendrai de mes pas sur les pavés
De mes pensées glissant dans le quartier
J'aurai laissé passer des jours révolus
J'aurai voulu te dire tout est résolu.
Je me souviendrai du soleil chaud d'été
Des notes gaies, des jours fêtés
Jupons volants, cheveux au vent
Mannequin de la mode d'avant.
Je me souviendrai de l'attente angoissante
Sur le quai, la rame absente
Criait sournoisement son retard
Je roulais, comme eux, dans cette gare.
Je me souviendrai de ces moments
Tout ce que je possédais, du temps
Quand j'errais sur ces pavés
Au creux de mon bras, un cahier.
Je me souviendrai de nos regards éperdus
Vers l'horloge au loin égrainant les minutes échues
On avait beau retenir notre souffle court
Continuait l'écoulement fou des jours.
Je me souviendrai de ce moment d'hésitation
Devant la station de métro à Nation
J'ai lutté pour ne pas me retourner
à quoi bon rattraper les instants passés ?
Je me souviendrai cette femme sur son transat
Qui ouvrait tout grand la main comme une batte
Elle sentait le vent s'engouffrer entre les doigts
Sa main pour voir, j'avais vu qu'elle ne voyait pas.
J'ai fermé les yeux pour penser un peu
Le rouge noir de la cloison faute de mieux
Accrochait toutes les images et souvenirs
Derrière les paupières, ils ne pouvaient fuir.
J'ai hurlé l'air de mes chansons
Pour ouvrir les portes de mes prisons
Pour mettre un pas devant l'autre
Et prendre leçon de mes fautes.