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Voilà Rosapristina !
10 janvier 2017

un meurtre sans cadavre

Ce texte est une demande qui m'a été faite par une jeune fille que j'ai eu la joie de rencontrer, dans des circonstances beaucoup plus heureuses que le sujet qu'elle voulait que je traite.

E., ce texte est pour toi.

C'est l'histoire d'une jolie poupée au visage bien lisse et au sourire mutin qui grandit auprès de parents aimants. Dans une cellule familiale protectrice, où se transmettent les valeurs et la force pour se mêler ensuite dans le monde extérieur. Rien à signaler donc. Et pourtant... Ce n'est pas parce qu'on ne voit pas les choses qu'elles n'existent pas. Ce n'est pas parce qu'on n'en parle pas, que ça n'existe pas.

On frappe à la porte. Là où beaucoup seraient ravis d'aller ouvrir et d'accueillir leur oncle, elle se cache, lutte et se fond dans son pull trop large, dans le papier peint, et même entre les lattes du parquet pour disparaître. Mais ça ne marche pas, elle est toujours visible une proie acculée face au prédateur. Depuis, elle déteste ces fêtes de famille ! Finies les racines, les liens, tout ce qui réchauffe le cœur et lui rappelle d'où elle vient, place au crime, au massacre, à l'holocauste de toutes les partie qui constituent son être. C'est fini l'enfance.

Ça arrive insidieusement comme une sale maladie.

Une présence systématique dans la salle de bains, l'air de rien, des regards appuyés, cette manière qu'il a de la dévisager, de laisser son regard s'attarder sur son corps d'adolescente, c'est insupportable comme les regards la détruisent. Elle se cache sous de grands pulls pour disparaître, elle pense que ça va suffire. Hélas elle se trompe. Une main traînante, une bise glissante, des dérapages équivoques, où elle ne peut même pas se reconnaître comme victime, au contraire, quand elle essaie, avec des mots qui ne font pas trop mal, de dire ce qu'il se passe, elle se fait rabrouer de faire son intéressante.

Une main qui s'approche, chut non ne dis rien, tu ne parleras pas, parce que tu m'aimes n'est-ce pas? Alors tu seras très gentille avec moi.

Elle ressent un danger, mas elle se dit que l'adulte sait mieux qu'elle ce qu'est- la vie. Alors elle se tait et encaisse. Il lui dit qu'elle est belle, qu'elle va en faire tourner des têtes, il lui dit ça du haut de ses quarante balais. Pourtant tout lui paraît de trop. Des gestes de trop, des mots de trop. Elle se sent prise au piège parce qu' elle ne veut pas le décevoir, ni lui faire de la peine, et encore moins perdre son amour, même si elle ne veut pas d'un amour comme ça.

Qu'a -t-elle fait de mal pour que la situation dérape ? Elle disparaît derrière ses longs cheveux, elle baisse les yeux, elle a abandonné depuis longtemps l'idée de prendre soin d'elle et de se maquiller, non surtout ne plus attirer les regards !Mais il revient à l'assaut, infatigable, avide d'amour comme il dit. Elle garde au fond d'elle l'agression dans un silence protecteur pour lui, et dévastateur pour elle, parce qu'elle se sent coupable de sentiments confus, de ressentir, dégoût, peur, honte parce qu'elle doit bien l'avouer elle s'est sentie désirée et flattée. En lutte contre elle-même. Une boule de questions destructrices se nourrit de pensées contradictoires. Elle, coupable d'avoir été faible, de ne pas avoir pu s'opposer. Il s'est jeté sur elle comme un jugement irrévocable dont la sentence est accompagnée d'un grand coup de marteau, la fatalité. Elle n'a pas eu la force, isolée, vulnérable dans son mal-être.

Il lui a dit qu'il l'aimait ! Elle n'a pas eu la force de lutter contre son amour empoisonné. Parce que c'est cela, l'amour ? La douleur est là, elle enfle en elle, et dans un mouvement de révolte, elle veut crier sa souffrance , mais rien ne sort, que des larmes qu'elle cache sous sa frange. elle se sent salie et dépossédée d'elle-même. C'est limite si on ne lui dit pas que c'est de sa faute, qu'elle est coupable de grandir, d'avoir un corps de femme, alors on le lui brise. Comme pour l'empêcher d'en avoir la pleine possession, il brise la membrane qui la protège.

C'est le chaos intérieur, elle perd consistance. Des regards qui déshabillent, des doigts qui pénètrent, elle devenu objet, elle se laisse faire, ses forces l'abandonnent, elle n'est plus qu'une grande blessure. Il lui dit que ce sont des caresses. Pourquoi ça lui fait mal ? Il lui dit qu'il se fait du bien. Pourquoi à elle, ça lui fait mal ? Pourquoi se cache-t-il, pourquoi lui dit-il de se taire, pourquoi ne doit-elle rien dire à ses parents ?

Non ça n'arrive pas qu'aux autres. Elle a déjà entendu parler de cela mais bien sûr que non, chez elle jamais. Mais n'oubliez pas, les apparences sont trompeuses. C'est elle qui ne comprend rien à la vie ou bien ? Elle croyait que sa famille était censée l'aider à se construire, pas à se détruire ! Car elle a bien l'impression de se détruire elle-même, à être à disposition de son désir.

Qu'est-ce que j'ai fait pour en arriver là ?

Car c'est forcément de sa faute, chez les autres tout se passe bien, c'est bien connu ! Jamais un problème, rien ! Et pourquoi ne disent-ils rien, les autres ? Pourquoi se taisent t-ils ? Pourquoi se mure-t-elle derrière un silence insoutenable ? Pourquoi leurs yeux grands ouverts restent-ils aveugles, pourquoi leurs bouches qui sortent banalités et rires ne peuvent-elles pas hurler sa tragédie ? Pourquoi le silence rend-il complice ?

Il a éclaté sa bulle, a envahi son espace et a détruit son enfance. Et elle n'a plus aucun refuge possible en elle, c'est la désertion totale. Les portes se ferment, elle n'envisage plus le bonheur et ne voit qu'un avenir enténébré. Car la lumière vacille et elle avec, elle a mal au plus profond de elle-même . Le lourd secret qu'elle garde enfoui la ronge, toute joie devient indécente dans la douleur qu'elle se traîne.

Telle une poupée démembrée, son cœur a éclaté et ses chairs saignent. Son être n'est plus qu'ne gangue de froid et de vide : le puzzle a éclaté, le miroir s'est brisé, elle est tout ça à la fois et elle n'est plus rien, comme tuée psychiquement.! Et le pire, c'est qu'un poison se diffuse lentement en elle, condamné à vie car elle doit vivre avec. Ce n'est pas parce qu'on ne voit pas les choses qu'elles n'existent pas. Ce n'est pas parce qu'on n'en parle pas, que ça n'existe pas. Le fait que les choses soient écrites n'est qu'un premier pas . Mais une fois que ce pas là est fait, les autres suivront. Espérons. Cette poupée a tes yeux bleus, E. Comme elle, ne les ferme pas.

L'inceste n'est inscrit au Code pénal que depuis le 18 novembre 2015. Avant cette date, le code pénal ne définissait pas l'inceste en tant que tel mais uniquement les cas de viols, d'agressions ou de relations sexuelles sur des mineurs de moins de 15 ans.

lien utile : www.aivi.org

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