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Voilà Rosapristina !
8 novembre 2016

Penser ? Mais pour quoi faire ?

Nous saisissons les contradictions du temps qui nous pousse à aller de plus en plus vite, dans tout ce que nous faisons et à force d'évaluations, d'optimisations, nous nous rapprochons de plus en plus de la machine. Cependant, animés d'une conscience, nous nous efforçons de défendre notre humanité, ce qui passe par la culture des émotions. Celle-ci subit les effets de notre époque où tout doit aller très vite, jusqu'à notre capacité à être émus, bousculés, écœurés. Les mots doivent claquer, les images percuter, des émotions et vite, à nous presser dans la grande centrifugeuse, pour qu'au moins nous gardions un peu d'humanité. Pour nous rappeler à notre belle humanité, nous effeuillons un -ô combien complexe- bouquet d'émotions. Surfer sur le net, attraper des infos au vol, des images en flash, des vidéos en boucle, n'en jetez plus, c'est ça l'actualité !

Pourtant dès qu'il s'agit de tomber sur un article de plus de quinze lignes et sans illustration, c'est ennuyeux, c'est trop long et on zappe. On évite les textes argumentés, pour préférer l'impact de l'image. "Le poids des mots le choc des photos" ce bon vieux slogan de Paris Match remplacé par  "la vie est une histoire vraie". Pensez-donc, jouez les rôles principaux ! La vie est un scoop en images ! Celles-ci cautionnent les événements, les rendent vrais. Comme des pièces accablantes pour étayer les chefs d'accusations. Les bonnes vieilles preuves, n'est-ce pas ? Vous ne croyez que ce que vous voyez ? Justement, voir plus que comprendre. Car un voyeurisme des plus écoeurants est malheureusement souvent de mise. Comment accorder du crédit à des propos mielleux lapidaires balancés sous fond de soleil couchant, amoureux transis, clichés hamiltonien qui valorisent l'esthétique d'une décharge publique ? Comment ne pas voir derrière le petit message écrit à la va vite, l'opportunité de grossir sa popularité, puisque la forme compte plus que le fond ?

Surtout, surtout, en prendre plein la vue, les idées ne sont plus développées, les banalités, citations,  et mantras recyclés, en leçon de vie, car tout doit aller vite, même l'échange de réflexions qui s'apparente au bourrage de crâne.

Dans une démarche de compensation de nos modes de vie défaillants, nous nous tournons, vers ce que j'appelle les "prêts-à-penser" des méthodes pour retrouver l'harmonie, découvrir qu'on n'a qu'une seule vie, etc, etc, des contenus évidents que nous ne voulions plus voir, aveuglés que nous sommes dans le flou d'une vie qui va trop vite. Je reste perplexe devant les trop bonnes volontés qui se saoulent de connexions et de déconnexions avec le monde, qui s'envivrent de sensations, ah oui, retrouver les sensations, et qui laissent le voile noir de la colère obscurcir leur raison.
Pourquoi penser ? Comment rentabiliser la pensée dans une société élevée avec des valeurs de popularité ? Nous ne sommes censés que peser le poids de notre popularité, à mesurer un audimat, un nombre de connexions, de partages, où la forme prend encore le dessus sur le fond. En gros,si je mettais une phrase avec une photo de mes chats dans un joli panier, mon post aurait plus d'interactions que ce texte de 47 lignes sans chaton ni soleil couchant.

Pensez-donc, penser va nous faire perdre du temps. Alors que nous tentons de nous réconcilier avec le monde en prenant la mesure de toute chose, on va nous dire que nous perdons notre temps, c'est triste mais le culte de l'apparence et du tout tout de suite laisse à penser (!) que penser n'est pas rentable.

Qu'en... pensez-vous ?

 

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Voilà Rosapristina !
  • Ô internautes ! Vous visitez le blog d'une rose qui souffle au vent ses humeurs ! Des textes à lire, à chuchoter, à déclamer, des textes à jouer ! Des textes pour réfléchir aussi ! Des textes en ligne, oui mais non libres de droits !
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