Dans la certitude de maîtriser son temps, il y a

Dans la certitude de maîtriser son temps, il y a des jours comme ça où l'imprévisible s'impose et devient le chef d'orchestre de nos instants. J'étais persuadée ce matin que je resterais chez moi à bosser, quand un coup de fil changea la donne. Une joie simple de retrouvailles s'invita dans le glissement inéluctable de la journée, ouvrant tout grand les portes du temps où se sont engouffrées nos confidences sur l'équilibre précaire qu'est la vie. Des minutes précieuses à rigoler, à se rassurer, à se soutenir avec de belles choses, pour oublier un peu les méchancetés du monde. J'étais loin d'imaginer que ce jour-là, en me levant difficilement après une nuit trop courte, je profiterais d'une belle parenthèse, avec les pieds plongés dans un aquarium, où des petits poissons noirs nous boulotteraient les peaux mortes. Il eut été si simple de dégager les malheurs ainsi, mais nous n'étions des poissons bouffeurs de callosités. Nous rions toutes deux, dents blanches, cheveux bouclés, sur nos vies un peu ratées mais pas grave, la chaleur de l'amitié, douce compagne était tenace et donnait consistance aux paroles bien trop souvent entendues. Des pépites de temps offraient leur lustre pour saisir toute la valeur de l'altérité et entretenir l'espoir.

Puis chacune s'en est retournée. J'eus juste le temps de changer de chaussures,de prendre mon sac pour partir au travail, retrouver mes élèves et par un effet magique, leur transmettre au-delà des compétences pour lesquelles j'étais employée, une foi inébranlable en mon prochain. Et continuer.