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Voilà Rosapristina !
21 septembre 2016

Journée internationale de la Paix

Il tombe à pic ce jour, tiens. Comme les autres vous allez me dire. On se lève ensommeillé avec: alors c'est quoi le programme du jour ? Quelle grande cause allons nous devoir prier ? Jude et Rita vous en avez du taf, c'est moi qui vous le dis. Je ne vous cache pas que je n'avais pas prévu d' écrire un truc sur la paix tiens, parce que franchement on serait dans le foutage de monde intégral. Et puis tiens, on nous sort donc d'un joli chapeau haut-de-forme une journée internationale de la Paix. 

Encore une de ces journées mondiales, internationales, interplanétaires et intergalactiques pour se donner bonne conscience, pour défendre les causes désespérées et désespérantes, pour faire le point sur les actions que notre humanité peut mener en faveur d’une grande cause. Nous marquons un jour d’une pierre blanche là où souvent on pose un grand voile noir. Là nous parlons de la cause parmi les causes, LA Cause noblissime par excellence, la Paix. Journée internationale de la Paix donc, pour renforcer un idéal de paix. Soit. C’est super, c’est beau, c’est noble. 

Paix mon oeil

Mais elle porte un sacré gilet pare-balles, la paix. Et elle n'est pas prête de l'enlever.

Nous avons des idéaux, nous voulons les embrasser et pour cause, nous sommes humains et avec toute notre grandeur d’homme, nous nous hissons pour les effleurer, les défendre et nous les approprier.

Pourquoi les idéaux font mal

Poursuivre un idéal nous permet de nous élever et pétris de bonnes intentions nous nous améliorons. Ça c’est la théorie, c’est beau sur le papier. Mais les idéaux font mal. Notre être est déchiré entre la soif d’une idéalité perdue et l’enlisement  dans le quotidien, où dominent spleen et ennui. Nous voyons trop le monde comme un système manichéen. Il y a le monde rêvé et protecteur, celui de nos lointains souvenirs utérins, et le monde réel, dans lequel nous sommes soumis à une souffrance constante. Par notre nature, nous vivons des conflits avec les autres et nous-mêmes: l'expression "résister à la tentation", par exemple montre bien l'image d'un combat avec soi-même. Cette éternelle insatisfaction passe en quelque sorte pour la cause du malheur humain, comme Balzac l'a développé dans La Peau de Chagrin " Vouloir nous brûle et pouvoir nous détruit": la peau symbolise l'existence humaine qui à chaque désir assouvi se racornit.

La recherche de paix, un idéal

Soyons direct: les morts ne se battent pas. Il faut se battre pour trouver sa place dans le monde. L'agressivité et la violence sont le propre de l'être humain et la combativité reste nécessaire. Ainsi la guerre entre les hommes devient favorable selon Nietzsche qui soutient que le conflit est un facteur de développement. Il considère qu'il y a moins d'égoïsme et d'égocentrisme dans la guerre que dans la paix. Il pense en effet que la paix est synonyme de faiblesse, car l'homme est bel et bien un être violent, un être de mouvement. Il semblerait par conséquent qu'il doit se battre pour vivre et que la paix n'existe pas. "Combattre ou mourir" il faut choisir... Leibniz se souvient " de la devise d'un cimetière: pax perpetua ( paix éternelle )= les morts ne se battent point, mais les vivants sont d'une autre humeur". Et pourtant, et si nous vivions dans un monde en paix ? Quelles qualités développerions-nous pour y parvenir ?

Nous sommes mal dans notre monde

Bien sûr nous avons besoin d’idéaux pour avancer, tenter de nous élever et vivre tout simplement. Sinon nous ne pourrions nous investir dans nos actes. Nous prenons conscience que nous ne faisons pas qu’un avec le monde, nous y projetons des espoirs et nos désirs. Nous cherchons à nous dépasser et à améliorer notre condition, mûs par une révolte intérieure où nous luttons contre le destin.

A refuser notre condition, à désirer plus que ce que le destin nous a attribué, nous, homo demens comme le rappelle Edgar Morin, portons une part de folie qui nous empêche de vivre ensemble. La mauvaise gestion des passions et des désirs entraîne un désordre dans l'homme et est accompagnée de souffrance. Par la raison, l'être humain atteint d'abord l'absence de douleur, puis la paix de l'âme. Il faut dominer ses désirs, distinguer ce qui dépend de nous et ce qui est déjà déterminé, pour trouver une paix intérieure et accéder à l'ataraxie. Or, l'homme entretient des rapports violents avec les autres, donc entrave la paix avec lui-même. Il mène un combat intérieur où il doit savoir gérer ses désirs et relativiser la paix. Paradoxalement, l'homme, créature de combat, recherche la paix.

Assumer son humanité.

Il est usant de lutter toujours et encore et nous sommes des êtres d’attachement. Notre nature nous pousse à vivre ensemble, nous sommes des animaux politiques comme le souligne Aristote. Alors nous cherchons à trouver notre place et à cultiver le bien vivre ensemble. Mais alors pourquoi, nous êtres humains, pourquoi nous laissons-nous si facilement emporter par l’húbris ? Ils sont bien beaux les idéaux mis comme ça sur papier mais bon sang on n’est pas du papier nous, juste des êtres humains. A chacun de revoir ses attentes. Idéaliser c’est se mettre en conflit avec soi et avec les autres. Idéaliser serait nier notre humanité, car la perfectibilité est elle-même une des caractéristiques de l’homme.

Je n’ai pas la recette miracle pour faire la paix, car je ne suis qu’un simple être humain, comme vous. Seulement, si chacun assume le plus d'humanité, peut-être que chacun pourra vivre en paix et harmonie avec lui-même et le monde.  Assumer ses ambivalences, et ne pas les laisser nous abuser. Et surtout, inutile de répandre le mal autour de soi. ça n'avance à rien. Ah si c'est vrai, ça va nous soulager sur le coup nous serons bien contents, mais qu'est-ce qu'on ne ferait pas par blessure d'orgueil ! Nous ne sommes que des êtres humains alors les questions d'orgueil et vas-y que je te fais la guerre, faut arrêter, laissons les actes odieux aux dieux et à tous ces fanatiques qui ont besoin d'une chappe religieuse pour agir avec violence, qui sous prétexte de conflits intérieurs, les expriment en belligérance.

Pour garder la paix, préparer la guerre avec soi-même ? Non. Non et NON. Accepter les conflits intérieurs et assumer ses responsabilités.Oh les beaux mots, facile à dire, n’est-ce pas ? Oui, ce qui est compliqué pourrait être plus simple, ce qui est laid pourrait être plus beau mais là je me remets à idéaliser un monde qui n’est pas celui dans lequel je vis. C’est là que se poser, échanger, débattre de l’idéal de paix, entendre ce que l’autre a à dire, trouve du sens, oui. On ne l’atteindra pas mais évoquer la paix, c’est aussi se souvenir de son humanité dans tout ce qu’elle peut avoir de beau et d’abject.  Et garder précieusement l’ultime trésor de la jarre de Pandore.

 

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