Il croyait dissoudre dans l'alcool ses problèmes,
Il croyait dissoudre dans l'alcool ses problèmes, mais c'est sa vie qu'il a dissoute. A moins que celle-ci fût son plus grand problème, car il ne devait pas beaucoup s'estimer lui-même pour se laisser ainsi prendre au piège. Condamnation sans appel, certes, mais bon à force d'encaisser elle en avait eu assez, et pour fuir son martyre, elle décida de partir. Pour se donner une contenance- un comble, dans son état!- il glissait ces quelques vers, qu'il recopiait à la hâte sur une copie double :
Elle a soupiré puis s'est détournée
Elle s'éloignait sans se retourner
ça y est larguez les amarres
Elle a glissé doucement son au revoir
Ma main voulait la rattraper
Mon corps paralysé restait à quai
Je la voyais s'éloigner, moi esseulé
Avec nos souvenirs en moi, miroir brisé
Après des semaines à se disputer
Cris, questions, vaisselle brisée
Elle m'a dit « cette fois j'en ai assez
Réponse couperet je vais te quitter
Tu es tombé de ton piédestal
Toi qui jouais au beau mâle
J'en ai marre de passer l'éponge
sur tes mots, tous tes mensonges »
Elle me disait être fatiguée
De devoir tout supporter
Elle me disait que ma maîtresse
S'appelait Leffe ou Guiness
Elle avait fait des efforts
Pour m'écouter, un réconfort
Et je recherchais l'âme sœur
Elle n'était pas à la hauteur
Je l'endormais de belles promesses
De paroles, subtiles caresses
Moi poète tendance Apollon
Pour cacher mes démons
Je la voyais partir au loin
Elle m'avait dit "changeons de chemin"
J'en avais cure car à chaque fois
Brave soldat, elle revenait vers moi
Pourtant elle me l'avait dit
Une fois, deux fois, dix fois
Elle en avait marre de tout encaisser
A chaque fois sa tolérance diminuait
Combien de fois lui ais-je dit adieu
En n'en pensant pas un mot, dans le jeu
A mesure que diminuait sa tolérance
Elle augmentait la distance
Moi persuadé qu'elle reviendrait
Parce que je lui manquais
Impossible on ne me quittait pas
Elle avait tant besoin de mes bras
Elle a soupiré puis s'est détournée
Sans trompette ni mouchoir
Je restais là à la regarder
Elle venait de me dire au-revoir .
L'alcoolisme est un véritable fléau qui reste encore honteux mais quand on commence à percevoir son propre désespoir, justement c'est peut-être là qu'il y a encore de l'espoir et qu'on peut agir pour s'en sortir . Mais dans un monde où règnent tyrannie du plaisir et dictature du courage, il est encore trop souvent difficile de reconnaître qu'on a besoin d'aide. Et pourtant c'est une vraie maladie qui détruit la santé physique et mentale, dissout les liens familiaux et sociaux.