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Voilà Rosapristina !
10 mars 2015

La douce et douloureuse difficulté d'aimer dans la durée

main-dans-la-main

 Je m'arrête un moment, je souffle et je regarde en arrière toutes ces années ensemble, à mettre des couleurs dans nos jours, du relief dans la platitude des instants présents, des espoirs dans nos peines. Des années écoulées, sans trop se poser de questions car tout allait de soi, nous étions deux et nous ne faisions qu'un, nos envies concordaient, nos passions étaient communes. Et, insidieusement, la vie a lessivé nos rêves, les couleurs se sont délavées, nos aspirations ont été aspirées, et notre quotidien est devenu lourd. C'est là qu'est venu le dur désir de durer. A une époque où l'obsolescence est programmée, il devient exceptionnel de faire durer son couple, malgré tout. Et pourquoi pas ? Nous serions plus forts que les autres nous, parce que justement, nous ne sommes pas les autres. Nous nous sommes mariés, en pariant sur l'avenir, mettant un voile sur la facilité de rompre ce lien aux premières difficultés. Dans une société qui prône l'épanouissement personnel, le développement et l'écoute de soi, pour mieux interagir avec les autres, chacun est en droit de penser que tout est possible. Comment faire pour solidifier le lien, après toutes ces années ? Déjà prendre les difficultés comme un ciment, et non comme la râpeuse amertume de la vie. Si les mots de bonheur pouvaient voler si haut, et déposer leur doux baiser au creux de ta joue, ils te diraient quoi ?Les murmures crieraient leurs secrets impudiques, souvenirs de nos étreintes essoufflées de jeunes amants de 50 ans. Je t'enivrerais de paroles insensées, je t'enverrais mes mots en bouquet, et juste pour que tu aies le plaisir de la découverte: décacheter la lettre, retrouver ce je-ne-sais-quoi de la distance, tout en vivant sous le même toit. Si je pouvais trouver la formule magique pour retrouver la féerie des instants premiers, la garder en écrin, et chuchoter à l'instant « Chut : Arrête – toi ! »

Mais j'ai beau brasser le quotidien, prendre la routine par le bras et lui faire faire quelques pas de danse, j'ai bien l'impression de danser avec le vent et de ne pas t'atteindre. Tu restes sur le bord, à faire tapisserie. Tu ne sembles pas vouloir danser avec moi ... Si je suis seul à tenir ce lien que je veux entre nous, il reste à terre … là où je ne voudrais que regarder l'horizon et les cieux avec toi ! Alors comment faire pour durer ? Faut-il déjà se poser la question ? Là où il y a un éclat dans les yeux il y a des éclats dans le coeur. Pourquoi je ne vois plus les étoiles dans tes yeux, pourquoi le scintillement de nos jours heureux est-il soufflé ? La vie n'existe-t-elle que parce qu'il y a la mort ? La fin de notre histoire est-elle programmée ? Pouvons-nous rassembler nos forces et tout faire pour éviter le clash ? Rassembler les bouts de notre vie démantibulée, chercher des raisons, combler des failles, mettre en bloc nos reproches, et construire un socle bancal ? Sur nos digues dissonantes, déraisons déraisonnables, désaccords et danses endiablées, ce dur désir de durer n'existe que d'un côté, c'est perdu ... Des poignées de secondes, des instants, des jours, des larmes, des années à s'accrocher, au dur désir d'aimer malgré tout, refuser la facilité de la rupture. Je t'enlace de mon amour, espérant un retour, je te grise de mots fous, et de gestes doux, est-ce toi que j'aime ou notre relation, l'engagement que je mets dans tous mes actes, dans le souffle chaud que je dépose sur tes paupières closes ?A te bercer de promesses, ne suis-je pas en train de te rendre prisonnière d'un amour que je voudrais parfait ? Aimer est-t-il vraiment l'affaire de deux personnes qui veulent s'envoler, et oublier pendant de longues minutes la pesanteur d'une vie trop terre à terre ? Les sentiments ne se germent-ils pas dans un terreau de banalités, tiges folles qui fleurissent et apportent un peu de beauté à l'existence ? Je regarde mes pieds à terre, puis le ciel un peu plus bleu depuis que tu es entrée dans ma vie et je souffle le vent de la douce et douloureuse difficulté d'aimer.

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Voilà Rosapristina !
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