Vous en tirez des tronches ! Les vacances sont finies ?

J'veux pas y aller, j'veux pas y aller.

Un soupir. Ouvrir la valise.

Je range les jupes en soie colorée, les tuniques vaporeuses, les petits débardeurs et les mini-shorts. Je range aussi le soleil bleu, témoin de mes journées écoulées. J'ai l'impression de mettre en terre les tenues légères à chaque fois que je plie et pose un vêtement dans cette valise. Je me recueille un instant devant ce doux souvenir : la chaleur généreuse enveloppait mon corps angoissé et l'aidait à se délier.

Les vacances servent à masquer ce qui se passe le reste de l'année ... Je vais y laisser ce que j'étais pendant ces trois semaines : nonchalance, insouciance, vacances ! Pour retrouver ma vie, mes amis sous le ciel plus souvent gris là-bas.

J'veux pas y aller, j'veux pas y aller.

La parenthèse se referme. La valise remplie, des souvenirs à la clé, une timide tristesse déjà réprimée par la raison se répand dans mes gestes. Les vacances : surtout combler des vides, se consoler de l'existence, pendant quelques jours, être maître de soi et de son temps mais tout n'est qu'illusion. Je le savais pourtant ! Il fallait bien rentrer un jour. Se fuir pour mieux revenir. Je reviendrai une fois encore différente, encore plus riche et plus complexe. Et ici deviendra là-bas.

J'veux pas y aller, j'veux pas y aller.

Ma valise est bouclée, la boucle est bouclée. Un dernier regard sur ce qui fut, trois semaines durant, mon paradis ...

Réglage GPS, destination maison. Un soupir et un tour de clé pour fermer cette parenthèse.

J'veux pas y aller, j'veux pas y aller.

J'avance, derrière est déjà le passé, mais devant moi cette question :

Quelle est donc la grosse connerie que j'ai faite pour me retrouver ainsi à la porte de mon Eden ?